Tournoi de Luc Bellicaud du 23 juillet : vidéo et analyse

Avez-vous participé au tournoi de Luc Bellicaud du 23 juillet ? Que vous ayez participé ou non, ne manquez pas l’occasion de découvrir son analyse complète du tournoi en vidéo et par écrit ! Prenez attentivement note de ses précieux conseils d’expert.

Vidéo analyse du tournoi

Des donnes Mouvementées

Pour ce premier tournoi en tant qu’ambassadeur Funbridge, vous avez été plus de 1700 à participer. Les donnes étaient mouvementées, et le gagnant Mighty Sparrow a manœuvré parfaitement toutes les donnes pour atteindre un score impressionnant de 81 % ! Quant à moi, j’ai fini avec 68 %, un score qui me convient tout à fait.

Première donne : Le piège d’Argine

Après une première donne plate où mes adversaires appellent et gagnent un chelem en enchères à 2, j’ouvre d’1♣ une main correcte de 11 points. Je suis ainsi la tendance moderne consistant à ouvrir au palier de 1 avec des mains de plus en plus faible. J’atteins ainsi très rapidement le contrat de 4♠.

Est entame le 10♦ dans la couleur nommée deux fois par son partenaire, que je couvre du valet : la dame d’Ouest pousse à mon as. Je possède 8 levées de tête et peut affranchir un trèfle pour la 9ème. Si les atouts sont favorablement répartis, j’ai donc 10 levées de tête. Cependant, j’ai une autre chance s’ils ne le sont pas : je peux affranchir une levée de trèfle, avec les trèfles 33 ou le valet second. Néanmoins, si je commence par donner deux tours d’atout, il suffira aux adversaires de duquer le trèfle pour anéantir mes chances de réaliser deux levées dans la couleur. Puis-je me permettre de commencer par les trèfles sans chuter sur table avec les piques 22 ? Oui, car si mes adversaires prennent et jouer deux tours de carreau, je pourrai défausser mon coeur en « perdante sur perdante ».

Je joue donc la dame de trèfle, prise par l’as d’Est qui rejoue cœur, pour mon as. Les carreaux ont l’air 7-1, ce qui me paraît cohérent avec la séquence : Ouest pourrait se contenter de passer avec RD 6ème blanc vulnérable sur 1SA. J’ai à présent une ligne de jeu alternative pour réaliser une levée supplémentaire : après avoir tiré deux tours d’atouts, je peux affranchir mon 10♥ puisque j’ai une remontée au R♣ et qu’Est n’a plus l’air d’avoir de carreaux. Je m’exécute et à ma plus grande surprise, Est  ressort un carreau après avoir pris ! Dommage, j’ai perdu une levée, le V♣ était second… Bravo à Argine pour ce flanc brillant qui m’a créé une position perdante !

Je marque tout de même 77 % pour avoir réussi à appeler la manche : une levée supplémentaire aurait été gratifiée de 97 %.

Deuxième donne : Nommer les couleurs 6èmes

Nanti d’une main de 14H et d’une mineure 6ème, j’opte pour une ouverture d’1SA, devenue assez classique de nos jours. Ouest intervient par un contre « mineur-majeur », qui montre une mineure au moins 5ème et une majeure au moins 4ème. Je rectifie le texas coeur de mon partenaire, et Ouest nomme ses carreaux au palier de 3. J’en déduis qu’il a 6 carreaux, et très probablement 4 piques. Je dois désormais répondre au contre d’appel de mon partenaire : que faire ? Cherchons à constituer une main moyenne chez le partenaire :

• Il n’a pas 6♥, sinon il aurait dit 3 ou 4♥.
• Il n’a pas 4♠, sinon il aurait fait un stayman suivi d’un chassé-croisé, et pas un texas.
• Il n’a pas d’arrêt carreau, sinon il aurait conclu à 3SA.

J’en conclus donc que mes adversaires sont sûrement en double fit, et qu’il est donc hors de question de passer. 3SA paraît peu opportun sans arrêt, même si cela pourrait se montrer efficace en cas de blocage des carreaux, ou de dame seconde chez mon partenaire. Il est donc logique désormais de nommer ma couleur 6ème : si le partenaire a 5 beaux coeurs, il pourra toujours proposer 4♥. En l’occurrence, il conclut très justement à 5♣, le meilleur contrat. 82 % pour cette belle séquence.

Troisième donne : Bataille vert/vert

Je relève sur cette donne 11 points d’honneurs, dans un 5431 plutôt agréable. J’ai une première chance d’intervenir après le début 1♣ passe 1♥. Bien que cela soit très tentant, car 2♦ est une intervention plus gênante qu’elle n’en a l’air, j’ai beaucoup de raisons de ne pas la produire : seulement 5 cartes, une couleur moyenne, une main plutôt faible. Je passe donc et j’ai une deuxième chance de parler, cette fois en réveil sur 1SA. Il est très rare de devoir réveiller sur 1SA dans cette séquence, mais c’est ici une très bonne idée, voici pourquoi :

• Le partenaire est marqué avec au moins 5 piques et il va entamer cette couleur à 1SA, ce qui peut tourner au drame avec 4 piques au mort.
• Les chances d’être contré sont faible : Ouest possède un maximum de 3♦ pour avoir ouvert d’1♣ et les carreaux d’Est seraient soumis.

La vulnérabilité : vert contre vert. Dans les batailles de marque partielles, il faut être extrêmement agressif dans ces conditions : battre le contrat adverse rapporte peu et chuter rapporte peu aux adversaires. Par exemple, si l’on gagne 2♦ (90), et que 1SA chute (50), c’est une bonne décision, ce qui ne serait pas le cas vert contre rouge.

Au contrat de 2♦, j’arrive à lire les comptes adversaires et à exploiter les informations données à l’enchère pour réaliser 9 levées, scorant ainsi 93 %. 1SA gagnait (à cause de l’entame pique), et laisser les adversaires jouer ce contrat ne rapportait au mieux que 30 % maigrelets.

À retenir : Vert contre vert en tournoi par paires, faites preuve d’une activité débordantes dans les donnes de marque partielle.

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