Dans les coulisses du jeu en ligne
C’est un phénomène qui n’aura échappé à personne : les plateformes de bridge en ligne ont connu un succès aussi fulgurant que spectaculaire depuis la crise sanitaire. Mais comment expliquer cet engouement pour ce jeu de cartes que vous connaissez si bien ?
Plus de 500 000 joueurs accueillis quotidiennement sur les deux plus grandes plateformes de bridge.
Un grand boom
C’est l’un des grands gagnants de la crise liée au coronavirus : le marché du jeu en ligne aura connu des années exceptionnelles et certains modules de bridge numérique ont pu tirer leur épingle du jeu.
Pour mieux comprendre leur fonctionnement et mesurer d’un peu plus près leurs récentes évolutions, nous nous sommes rendus chez deux acteurs majeurs du secteur. Au milieu des murs de briquettes rouge orangé de Villeneuve-d’Ascq (Nord) se détachent trois bâtisses toutes de bois et de verre. Là où fleurissent de nombreux immeubles de bureaux, coincés entre deux quartiers pavillonnaires de la ville, de larges baies vitrées cachent un intérieur aussi spacieux que lumineux. C’est ici que sont installés ceux qui œuvrent derrière leurs écrans à la réflexion, l’évolution ou à la maintenance des deux jeux phares du groupe 52 Entertainement : Funbridge et BBO.
Dix pays, dix nationalités
Une partie des équipes de Funbridge et de BBO est dispatchée aux quatre coins de la France et dans le reste du monde : Paris et le Sud pour Funbridge, et les États-Unis, l’Inde, le Canada, la Bulgarie et la Roumanie pour BBO.
«Nos employés vivent dans dix pays et on recense autant de nationalités un peu partout à la surface du globe», précise Pierre Dreulle, patron de Funbridge.
Le patron de Funbridge ajoute que le fameux jeu en ligne de bridge fonctionne grâce à une équipe composée d’ingénieurs informatiques, d’un service marketing, de chefs de produit, de chefs de projet, d’un service clients, de designers et bien sûr de personnes pour les finances et la comptabilité.
Chez le concepteur français, les effectifs ont doublé entre 2018 et 2020. «On était sur une croissance progressive de la fréquentation depuis plusieurs années et celle-ci est devenue exponentielle», explique Jérôme Rombaut, champion d’Europe 2016 de bridge présent depuis les débuts de 52 Entertainment.
La pluralité des pays dans lesquels sont répartis les équipes des deux logiciels de bridge de 52 Entertainment s’explique en partie par leurs besoins en personnels. Le directeur technique, Boris Plays, déclarait avoir dû recruter en visioconférence pendant le confinement afin de répondre au mieux à la demande des joueurs en terme de qualité. «Par la suite, nous leur avons fait livrer le matériel nécessaire chez eux puis fait signer leur contrat à distance”, racontait Boris Plays. Il ne cache pas avoir eu des journées très denses au cours de ce printemps si particulier. «Entre la surveillance permanente, les relations avec l’extérieur et les astreintes, c’était du 8h-23h», résumait-il.
De nouveaux défis pour le bridge en ligne
Alors que le nombre de joueurs pendant la période Covid grimpait sans cesse, dans les coulisses, on s’activait déjà à préparer l’après. En effet, quelle serait la meilleure pour fidéliser ces nouveaux utilisateurs une fois que la situation sanitaire sera revenue à la normale et que les tournois en salle reprendront?
Que ça soit pour BBO ou Funbridge, chaque application a réussi à trouver des solutions à ces nouvelles questions. Si certaines plateformes de bridge en ligne chinoises ont choisi de proposer des cours en ligne mais n’en dévoilent pas pour autant les modalités de fonctionnement, leurs homologues britanniques ont eux aussi planché sur un système de cours en ligne où, moyennant finances, les joueurs ont accès à un nombre illimité d’enseignants.
À la chasse aux tricheurs…
Depuis la crise, la fraude sur les sites de bridge en ligne a explosé proportionnellement au taux de fréquentation des plateformes de jeu. Jérôme Rombaut affirmait que depuis 2019, ils avaient repéré un peu plus d’une centaine de tricheurs sur Funbridge et sur BBO et que plus d’une trentaines d’investigations ont été lancées au cours des quinze premiers jours d’octobre.
Les anecdotes de tricheurs sont légion :
«Un jour, un joueur connecté depuis l’hôpital dans lequel il se trouvait s’est défendu de toute malhonnêteté en me soutenant que la morphine qui lui était administrée lui permettait simplement de voir à travers les cartes…», se souvient ainsi Jérôme Rombaut.
Sur Funbridge, les cas de triche les plus récurrents sont ceux liés à ces joueurs qui, sur un tournoi, multiplient les comptes pour rejouer à chaque fois la même donne face à trois autres joueurs – animés grâce à l’intelligence artificielle – et connaître à l’avance le jeu.
Pour BBO, dans la mesure où les quatre joueurs autour de la table sont réels et non virtuels, il n’est pas rare de constater que deux d’entre eux communiquent par téléphone ou par un autre biais.
Alors que 52 Entertainment est en train d’étudier ce procédé, la chasse aux tricheurs ne se fait pas grâce à des algorithmes, comme sur les sites de poker en ligne, mais via les signalements de la part d’autres joueurs. Une fois reçus, ils sont ensuite transmis à un comité d’éthique composé de spécialistes du bridge, qui étudient – pour les deux sociétés – les données du joueur soupçonné. «À nous de leur fournir toutes les données correspondant à tel joueur sur tel tournoi; à eux, en fonction de la manière dont la personne a joué, de son niveau connu ou de la manière dont il a enchéri, de débusquer le hic», décrit Boris Plays, directeur technique de la plateforme Funbridge.
Chacun de leur côté, deux investigateurs établissent ensuite un rapport et rendent des avis indépendants. Trois commentaires peuvent alors être apposés au dossier: “Triche”, “Pas de triche” et “Ne se prononce pas”. «Il nous arrive parfois de déceler le comportement douteux d’un joueur sans avoir suffisamment d’éléments pour l’exclure, admet Boris Plays. Nous le mettons donc sous surveillance durant plusieurs mois et, si son comportement est répréhensible et si l’on dispose de son numéro de licence, nous envoyons un dossier à la fédération, qui choisit ou non de le suspendre. L’accord de réciprocité passé avec plusieurs fédérations est tel que, si le joueur est suspendu pour trois ans, il l’est aussi chez nous.»
Quelques chiffres pour terminer…
+ de 100 000
nombre de visiteurs par jour sur Funbridge
65 ans
moyenne d’âge des joueurs sur les plateformes 52 Entertainment
180
nombre de pays dans lesquels nos joueurs sont
Qu’avez-vous pensé de ce dossier ?
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Article très généraliste dans lequel on n’apprend pratiquement rien.
C’est bien dommage, car le sujet est vaste.
Interessant mais on reste un peu sur sa faim: qu’en est t il du développement des robots (par ex Argine). Il semble que les joueurs professionnels peuvent battre Argine sans trop de problème. Y-a- t-il un superrobot capable de battre tout le monde comme c’est le cas pour les échecs ou le go?
Je partage l’avis de Solmajeur concernant l’article dont les sujets sont très intéressants mais malheureusement pas assez approfondis.
Je prends simplement l’exemple des cours en ligne (plateformes chinoises, britanniques).
Allez-vous également proposé sur Funbridge ce système ?
La moyenne d’âge sur vos plateformes est certes de 65 ans mais de nombreux joueurs sont encore loin de la retraite.
Concilier vie professionnelle et fréquentation d’une école de bridge sont souvent incompatibles.
Il en est de même pour l’éloignement géographique.
Alors qu’en ligne, il y a possibilité d’élargir les horaires de cours avec des professeurs, suivre le cursus d’apprentissage similaire en club avec une souplesse des horaires et des déplacements. Funbridge pourrait être un excellent moyen pour apprendre la théorie ainsi que pour la mise en application avec des donnes.
La Masterclass que vous nous avez proposée en février en est une preuve.
Le retour des joueurs me semble plus que positif.
Si vous pouviez l’inscrire dans les listes de souhait…..
Je ne comprends pas
De quoi s’agit-il ?
Funbridge c’est très très bien mais le bridge est un aussi un jeu qui se pratique en société dans des clubs où convivialité est de rigueur. c’est bien aussi.Beaucoup de clubs sont en difficulté depuis la crise sanitaire, Faire coexister lien social ,bridge et funbridge pour que tout le monde y trouve son compte…une participation de funbridge à la vie des clubs
Même constatation, le bridge en ligne se développe, mais les clubs peinent à recruter de nouveaux joueurs. La facilité de jouer des tournois et d’engranger des points fait que certains restent chez eux : plus besoin de chercher un partenaire, plus besoin de se souvenir des enchères, Argine vous dit tout.
Est-ce l’évolution normale d’un jeu difficile, au public vieillissant ?
Pousser les portes d’un club permet cependant de trouver de la convivialité, et de progresser grâce aux autres joueurs et aux enseignants.
Bien
Comme cela a été dit, le sujet est intéressant mais aurait mérité un traitement différent sur des sujets plus intéressants que des statistiques et des commentaires sur la “triche” !
enelym
Je ne peux plus me rendre dans u n club (raisons personnelles) donc la FFB refuse de renouveler ma licence
Impossible alors de jouer les compétitions comme je le faisais depuis des années
solutions?
Il est possible de prendre à distance une licence dans un club ;
mais effectivement, il faut passer par un club : règle FFB.
Le jeu en ligne doit être uniquement un complément pour les personnes ne pouvant,pour de multiples raisons,jouer physiquement en club mais en AUCUN CAS se substituer aux clubs qui sont l’essence même de ce jeu basé avant tout sur les rapports humains entre des personnes physiques, physiquement présents autour d’une table
C’est bien de savoir que les comportements douteux sont traqués : les radars de la “police” sont postés ! on ne sait pas où, le secret est de mise !
Je n’ai pas vu sur FunBridge comment signaler un comportement douteux. Mais je n’en ai pas remarqué non plus !
Dans les parties sans enjeu (PE, etc.), quel est l’intérêt de tricher ? pb d’ego ?
Quelques explications sur l’organisation des tournois seraient appréciées. Par ex: on voit que l’on ne joue pas tous les mêmes donnes d’un même tournoi.
Merci
Le jeu en ligne ne devrait être que cela:un jeu,donc ni PE,ni PP,aucune incidence sur le classement,cela aiderait les clubs à retrouver les joueurs/compétiteurs, non?
Mais comment faire lorsque des adeptes de bridge travaillent avec des horaires variables et décalés ? Les clubs essayent de recruter au maximum des joueurs mais si aucune possibilité n’est donnée de pouvoir suivre des cours à distance ,n’y pouvoir participer à des tournois à distance , aucune licence ne sera souscrite….En suivant ce raisonnement, apprendre et jouer au bridge ne sera possible que si l’on a la chance d’arriver jusqu’à la retraite….( thème d’actualité ) !
D’accord en grande partie pour les séniors. D’ailleurs, la FFB a annoncé une évolution du classement pour la compétition basé sur la performance.
Pour tous ceux qui ont du mal (disponibilités, distance, pas d’offre pour les actifs, etc.) à rejoindre un club ou compétitions, il est souhaitable qu’ils puissent continuer à jouer en marquant des PE, avec un “quota” adapté.
Et il faut ouvrir aux ACTIFS des possibilités plus nombreuses. Par ex, le nouveau CHALLENGE fédéral (ex-promotion) ne prévoit rien (ou si peu) le SOIR et en week-end ! si ce n’est la finale nationale (mais avant il faut s’y qualifier).
article archi-nul;circuler;rien a voir.
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Merci