Le bridge, un jeu d’enfant
À l’école, depuis quelques années, les cartes ne sont plus uniquement illustrées de Pokémons. Une version plus ancienne revient au goût du jour : le bridge, qui a inspiré un programme pédagogique ludique pour les élèves du CM1 à la terminale. Des jeunes ayant désormais tous les atouts en main pour devenir des as des mathématiques.
Il est 12h54, un jeudi au collège Lamartine de Toulouse (Haute-Garonne). Des élèves de sixième trépignent du cartable devant la classe. Ils sortent tout juste de la cantine : l’un d’entre eux finit d’avaler son dernier quignon de pain. Leur professeur de mathématiques, Betty Bayon, arrive escortée de trois monitrices de bridge. À peine a-t-elle le temps d’ouvrir la porte que les enfants se ruent vers les tables, déjà préparées. Au centre, le tapis de jeu vert est floqué du logo du club de Saint-Orens de Gameville, une commune située dans la banlieue toulousaine. Un groupe en plein débat sur une histoire de Carambar se fait rappeler à l’ordre.
Fini de rire ! Anne-Marie Godard, enseignante en classe préparatoire à la retraite et initiatrice bénévole, a une annonce à faire: «Attention, aujourd’hui c’est du sérieux. Au revoir le bridge de bébé, place au bridge des grands : voici des donnes qui ont été jouées en finale nationale l’année dernière.» Excitation générale du côté des élèves. Ils ont des fourmis dans les doigts mais doivent écouter quelques recommandations avant de commencer la partie. Anne-Marie Godard enchaîne avec une introduction magistrale pour revenir sur quelques règles et mots de vocabulaire: «Sur le document, il y a écrit “NT”. L’abréviation vient de l’anglais “No-Trump” qui signifie “Sans-Atout”», explique-t-elle, avant d’ajouter : «Vous saurez désormais que Donald Trump s’appelle “atout” !»
Apprentissage ludique
Une dizaine d’élèves assiste volontairement à cette séance. Tandis que leurs camarades profitent encore de la récréation, eux préfèrent rester au chaud le temps d’une partie. Chaque table est encadrée par l’une des initiatrices et Betty Bayon. Cette dernière ne connaissait rien au bridge avant de participer, en 2017, à une initiation dans le cadre du Plan académique de formation. À la suite d’une convention signée avec le ministère de l’Éducation nationale en 2012, la Fédération française de bridge, qui avait déjà lancé en 1990 un programme d’enseignement, a en effet élaboré un manuel pédagogique contenant des exercices ludiques à introduire lors des cours de mathématiques ou sur le temps périscolaire des collégiens et lycéens.
Un “mini-bridge” est également proposé aux instituteurs, soit une version simplifiée du jeu pour les écoles primaires. L’occasion de travailler le calcul mental de façon amusante. Aucun âge minimal n’est requis mais il est généralement conseillé de débuter à partir du CM1, et ce en raison d’un critère purement technique : les enfants doivent être en capacité de tenir les treize cartes dans leurs mains.
Dans les faits, l’usage de cette discipline dépend de trois acteurs : lorsqu’un professeur novice dans le domaine souhaite se lancer dans ce projet, il lui faut bien entendu l’accord de sa direction, mais aussi l’aide d’initiateurs bénévoles issus d’un club alentour pour encadrer les séances. Au collège Lamartine, l’initiative est encouragée par le principal, Pascal Louvet, convaincu que «les élèves font travailler leurs méninges en s’amusant.»
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