Retour sur le Championnat de France Individuel en ligne d’Hiver

L’édition d’hiver du Championnat de France individuel en ligne, organisée par la Fédération Française de Bridge (FFB) sur Funbridge, a connu un franc succès. Le 17 février, 776 compétiteurs se sont réunis pour tenter de décrocher le titre de Champion de France. Ce championnat, divisé en trois catégories (Challenge, Performance et Expert) a mis en avant l’accessibilité à tous les niveaux de jeu.

Funbridge et la FFB félicitent les trois champions pour leur parcours exceptionnel ainsi que tous les autres compétiteurs. Retrouvez sans plus attendre le récapitulatif de l’événement et les interviews des joueurs !

Zoom sur la Catégorie Expert🥇​

La compétition dans la catégorie Expert a été intense, avec 24 donnes à jouer par tour et 82 joueurs en lice.

Félicitations à  Livias, de son vrai nom José Damiani, le grand gagnant de la catégorie Expert ! Bravo également à Landik, le finaliste, ainsi qu’à Jean-pierre Suspène et Jean Hervé FAVRE, nos demi-finalistes.

Le tableau de la catégorie experte affichait dès le départ quelques habitués bien connus de Funbridge.

Le duo père-fils Jérôme et Léo Rombaut était de la partie, accompagné de Margaux Kurek Beaulieu, membre active de la Team Funbridge, et de nos ambassadeurs Luc Bellicaud et Vanessa Reess.

Et parce qu’un championnat n’est jamais complet sans une touche d’élégance et de mystère, James Bond était également inscrit… oui, oui, 007 lui-même ou du moins, son homonyme.🕵🏻‍♂️

Dès les premiers tours, plusieurs matchs ont retenu l’attention, notamment celui entre Luc Bellicaud et Serguei92 en 32e de finale. Une rencontre haletante qui s’est conclue sur un score de 45 à 44 en faveur de Luc, arrachée sur le fil. Tout au long de la phase éliminatoire, les confrontations se sont succédé, certaines très serrées, d’autres plus tranchées, maintenant l’incertitude jusqu’au bout.

En demi-finale, les joueurs encore en lice avaient déjà réalisé de beaux parcours dans cette catégorie. Le premier duel opposait Landik à Jean-Pierre Suspène, alias jp suspene. Les premières donnes semblaient annoncer une victoire sans appel pour Landik, qui menait 30 à 0 à la donne 9. Mais jp suspene n’a pas baissé les bras, s’accrochant pour remonter point après point et livrer un véritable combat. Malgré cette belle résistance, Landik a fini par s’imposer de justesse sur le score de 49 à 47, décrochant ainsi son ticket pour la finale.

De l’autre côté du tableau, José Damiani, alias Livias, retrouvait Jean-Hervé Favre, alias jhfavre, deux figures reconnues de la scène du bridge français. Ce duel de haut niveau a tourné en faveur de José Damiani, qui s’est qualifié pour la finale grâce à un score de 17 à 8.

La finale promettait donc d’être à l’image de cette catégorie experte : disputée, imprévisible et passionnante. 

Après un parcours sans faute, Landik retrouvait en ultime étape José Damiani, alias Livias. Le face-à-face a tenu toutes ses promesses, chaque donne laissant planer le suspense. Finalement, Livias a su prendre l’ascendant et s’imposer dans ce duel pour décrocher le titre de champion de la catégorie experte.

Retrouvez tout de suite une interview exclusive du champion catégorie expert !

  • Votre nom est bien connu des passionnés de bridge, mais pour ceux qui vous découvrent, pouvez-vous nous en dire un peu plus sur votre parcours ? Comment avez-vous commencé et quelles ont été les grandes étapes de votre carrière ?

Il y a deux parcours, le premier est celui du joueur.
J’ai appris à jouer pendant mes études, puis j’ai arrêté pour me consacrer à ma famille et à l’entreprise que je venais de créer.
Dix ans après, à la suite d’ostéonécroses, je ne pouvais plus jouer au tennis et je me suis inscrit au club de bridge du Raincy, en banlieue parisienne (93). J’y ai rapidement fait des progrès grâce à mon grand ami Leon Gamme (très grand flûtiste) et nous avons gagné l’Interclubs en 1976, en finale, contre l’équipe de France de l’époque (P.Chemla, M.Lebel). J’ai remporté le même championnat de France et encore 3 DN avec cette même équipe.

José Damiani alias Livias

Ce club a connu son heure de gloire après cette victoire et a formé des joueurs et joueuses des plus talentueux comme Michel Perron, Catherine Saul D’ovidio (multiples championnes du monde), et Colette Lise avec laquelle j’ai été médaillé de bronze aux championnats d’Europe par paires mixtes dans un champ de 500 paires.

J’ai été médaillé d’argent deux fois et de bronze encore aux championnats d’Europe par 4 Seniors.
Et j’ai eu le bonheur d’être capitaine, champion du monde et d’Europe avec des équipes hommes et femmes françaises de grande qualité.

Le second parcours est celui de dirigeant, président de la FFB, de l’European Bridge League puis de la World Bridge Federation. J’ai mis à leur service mon expérience de communiquant spécialiste du marketing sportif avec ma passion de promotion et développement du bridge en allant jusqu’à la reconnaissance par le Comité International Olympique et la création de l’IMSA ce qui a favorisé la médiatisation de nombreux nouveaux événements.

  • Que représente ce titre pour vous ? Était-ce un objectif dès le départ ?

Maintenant je dois dire que je suis devenu un passionné de Funbridge où j’ai été vainqueur de l’année des tournois WBF et deux fois vainqueur du mois sur les anciens points FB.
C’est donc avec le même esprit de compétition que je me suis inscrit à ce championnat de France et suis ravi d’avoir gagné pour compléter mon palmarès !

  • Y a-t-il une partie clé ou un moment décisif dans le Championnat qui a marqué votre parcours vers la victoire ?

Ces formules par KO nécessitent évidemment une grande application, un peu de chance, et une stratégie qui tienne compte de l’état du match. Dans cette finale, j’étais en retard et j’ai ouvert en barrage sur la dernière donne ce qui a réduit les adversaires au silence et m’a permis de marquer un coup qui m’a fait gagner !

  • Avec votre expérience du bridge, comment percevez-vous l’évolution du jeu en ligne ? Pensez-vous que les plateformes comme Funbridge influencent la manière de jouer et d’apprendre ?

Je crois très sincèrement que le jeu en ligne et surtout le jeu avec le partenaire virtuel d’intelligence artificielle comme Argine (robot) est la chance de survie du bridge qui est un jeu et devenu même un sport magnifique, mais qui est menacé de disparition. Il y a un vieillissement incontestable de la population bridgesque qui n’a pas été renouvelée. Funbridge est l’instrument indispensable pour attirer les jeunes et permettre à tous d’apprendre d’abord puis de progresser.

  • Le bridge est un jeu de transmission, quels conseils donneriez-vous aux joueurs qui souhaitent progresser et atteindre un haut niveau ?

Alors mon conseil est l’habituelle injonction que j’invoque partout quand on me donne la parole : Amusez-vous.
C’est d’ailleurs ce que j’essaie de faire moi-même !

  • Avez-vous déjà un nouvel objectif bridge en tête pour les prochains mois ? Une revanche à prendre en Bridge Cup, peut-être ? 😉

J’aimerais toutefois rejouer la finale de la Bridge Cup ou j’ai perdu deux fois en demi et cela m’amuserait. Ce qui ne m’a pas empêché, et c’est la beauté de la formule, de dialoguer avec les adversaires dont j’ai observé avec grand plaisir la convivialité et la sportivité.

Zoom sur la Catégorie Performance et interview de Didier1969 🥈

La compétition dans la catégorie Performance a réuni 300 joueurs, avec 18 donnes à jouer par tour.

Dans le dernier carré de la catégorie Performance, Yves Dupuis alias YD7550 et Martine Guittet alias innovation se sont livré un duel serré. Yves a fini par prendre le dessus avec un court avantage de 30 à 27, décrochant ainsi son ticket pour la finale.

De l’autre côté du tableau, Didier D. alias Didier1969 s’est imposé nettement face à Thierry Paumier alias TP09 sur le score de 60 à 13, confirmant sa solide présence dans cette édition.

La finale a vu s’opposer Didier D. et Yves Dupuis. Après un match disputé, c’est Didier D. qui l’emporte finalement 21 à 17 et s’adjuge le titre de champion de la catégorie Performance. Félicitations à lui pour son parcours maîtrisé !

Retrouvez tout de suite une interview exclusive du champion catégorie performance !

  • Premièrement, qu’avez-vous ressenti en remportant ce Championnat ? Était-ce un objectif que vous vous étiez fixé dès le début ?

J’étais très, très heureux. C’est quand même un titre de « Champion de France » ! Non, ce n’était pas un objectif au début, d’autant qu’au Championnat précédent, celui d’automne, j’avais été éliminé au premier tour. J’ai récupéré mes 250 Diamonds et j’ai recommencé. Je pensais que passer un tour était extrêmement aléatoire. Mais en avançant dans le tournoi, j’ai pris confiance et j’ai essayé de jouer mes parties à des moments favorables de la journée comme en matinée plutôt que le soir après le travail. Après le quart et la demi-finale, j’ai reçu de sympathiques messages d’encouragement de mes opposants. La finale s’est avérée très difficile, j’ai été obligé de jouer jeudi soir et cela s’est terminé à 4 h 00 du matin. J’étais dans un tel état de veille et d’excitation que j’ai fait nuit blanche. Mais cela en valait la peine !

  • Quelle aventure ! Jouer jusqu’à 4h du matin et faire une nuit blanche pour décrocher le titre, c’est une vraie preuve de passion. D’ailleurs, en parlant de passion, quel est votre parcours dans le monde du bridge ? Comment avez-vous découvert ce jeu et qu’est-ce qui vous a mené jusqu’ici ?

Oui, on peut parler de passion ! J’ai découvert ce jeu à la fac dans les années 90 avec mon pote Fred et ses parents qui nous ont initiés. Mais c’est à l’été 2015 que j’ai réellement commencé à jouer lors d’un stage de Bridge d’été au Sauze organisé par Michelle et Michel Donnadieu.

Ce n’est pas évident de pousser la porte d’un club pour un débutant, mais eux m’ont patiemment appris le B-A-BA. D’ailleurs, je souhaiterais leur dédier ce titre si vous me le permettez. Un grand merci aussi à tous mes partenaires depuis le début qui m’ont tous appris quelque chose Line, Jean-Claude, Jean-Cel, Martine, Annie, Joëlle… et Argine bien sûr ! Argine et sa réglette, si pédagogique, patiente, fidèle et toujours disponible ! 😉 Cela dit, deux partenaires prometteurs arrivent à maturité, il s’agit de mon fils Adam et de ma fille Inès avec qui j’ai beaucoup de plaisir et de fierté à jouer.

  • Quel beau parcours ! 🌟 Dans ce Championnat, y a-t-il une partie ou une situation en particulier qui vous a marqué ou qui a été, selon vous, décisive pour votre victoire ?

Il y a eu plein de moments sympas dans ce championnat riche en émotions que je recommande à tout le monde. Mais le moment que je garderai toujours en mémoire est mon 4♠️ = qui me fait gagner en finale. Ouest entame As de ♥️. D’après la parité d’Est, j’en déduis qu’Ouest a sûrement l’As est 3ème à ♥️ et probablement le roi de ♦️pour ne pas avoir entamé ♦️. J’affranchis les ♥️, je passe la bonne à l’atout, je remets Ouest en main qui est forcé de jouer♦️sous son Roi vers la Dame du mort et mon As en Sud. Mon adversaire chute d’un et je gagne 12 IMP.

  • Êtes-vous un habitué des tournois Funbridge ? Quels sont vos modes de jeu favoris et qu’est-ce qui vous plaît le plus dans ces formats ?

Cela va faire 10 ans que je joue sur Funbridge et j’y ai vraiment progressé au jeu de la carte. Mes enfants ont appris à jouer au Bridge avec Argine et sa réglette. J’aime le Championnat par équipes et mon équipe « Planète Mars » où on retrouve un peu les émotions et la solidarité du « par 4 ».

Je participe régulièrement aux tournois privés de quelques membres qui sont conviviaux. Enfin, je trouve que le Tournoi Bridge Points a redonné du tonus à l’application. Il manquerait à mon emploi du temps qu’un peu plus de temps pour jouer davantage.
Je suis aussi assidûment les Masterclass de Dominique Fonteneau qui sont très intéressantes.

  • Le bridge est un jeu de transmission, quels conseils donneriez-vous aux futurs participants du Championnat de France Individuel en ligne ?

Déjà, je leur conseillerai d’y participer. J’ai passé un vrai bon moment. Ensuite, de bien prendre le temps de la réflexion, ce n’est pas comme à la table où le temps est limité. Et pour finir, en cas de mauvais coup, il ne faut pas hésiter à faire une pause et surtout se convaincre que rien n’est jamais perdu car une petite imprécision dans les enchères et c’est vite 10 IMP de moins !

Bon, je ne vais pas trop en dire non plus, car j’aurai sans doute à défendre mon titre à la prochaine édition 😉

Zoom sur la Catégorie Challenge et interview de Tarannon🥉​

La catégorie Challenge a été la plus populaire, avec 394 joueurs et 12 donnes par tour.

Dans la catégorie Challenge, les demi-finales ont vu s’affronter Jean-Paul Morel face à Fabien alias Tarannon, ainsi que Christian Sexton, connu sous le pseudo Chris92370, face à SURF45. Fabien et Christian ont su tirer leur épingle du jeu et se sont logiquement qualifiés pour la finale.

Lors de l’ultime confrontation, Fabien (Tarannon) a pris très vite l’ascendant face à Christian. Grâce à une stratégie efficace et une grande maîtrise, il s’est imposé largement sur le score de 26 à 6. Fabien remporte ainsi le titre de Champion de la catégorie Challenge de cette édition, après un parcours solide et une finale parfaitement maîtrisée. Félicitations à lui !

Retrouvez tout de suite une interview exclusive de ce joueur.

  • Premièrement, qu’avez-vous ressenti en remportant ce Championnat ? Était-ce un objectif que vous vous étiez fixé dès le début ?

Bien que participant dans la troisième catégorie réservée aux joueurs avec les classements FFB les plus bas, le niveau est rapidement très bon. Je suis donc très fier d’avoir remporté ce tournoi. C’était ma troisième participation à un championnat de France Funbridge et je n’avais pas encore réussi à passer les demi-finales. Certains des meilleurs joueurs de Funbridge peuvent avoir un classement FFB faible (comme Fabno par exemple), on peut se faire éliminer à n’importe quel moment du tournoi suite à une mauvaise rencontre. Par ailleurs, les rencontres se jouant en seulement 12 donnes, il arrive que le hasard ou une mauvaise décision suffise à se faire éliminer. Tout cela pour dire que même si j’espérais remporter cette compétition, je savais dès le début que mes chances étaient faibles.

  • Votre victoire est d’autant plus notable quand on sait à quel point le niveau peut être relevé, même dans la catégorie Challenge. Vous évoquez votre troisième participation et les obstacles des éditions précédentes… mais qu’en est-il de votre parcours dans le monde du bridge ? Comment avez-vous découvert ce jeu et qu’est-ce qui vous a mené jusqu’ici ?

J’ai découvert le bridge en 2021 lors d’une initiation à la médiathèque de Saint Quentin en Yvelines faite par le Montigny Bridge Club. C’était en fait du minibridge, mais j’avais beaucoup aimé le côté stratégique du jeu. Je me suis inscrit au MBC et j’ai suivi des cours d’apprentissage pendant une année. En parallèle, je me suis inscrit sur Funbridge pour pouvoir apprendre plus rapidement. Depuis 3 ans, je suis des cours de perfectionnement au MBC donnés par Quentin Levoy. Enfin, je profite beaucoup des vidéos faites par Dominique Fonteneau (défis contre Argine et masterclasses). Je fais assez peu de tournois en physique et ce championnat est de loin le plus important tournoi que j’ai remporté.

  • Remporter ce championnat, qui est donc votre plus grand succès en tournoi, a dû être un moment fort. Y a-t-il une partie ou une situation en particulier qui vous a marqué ou qui a été, selon vous, décisive pour votre victoire ?

Le match le plus serré fut celui m’opposant à Jean Paul en demi-finale. Avant la dernière donne, j’avais seulement 1 point d’avance et comme mon adversaire avait déjà joué la douzième donne, je ne devais pas perdre le moindre point pour l’emporter.Je me suis donc particulièrement appliqué sur cette donne et cela m’a permis de gagner 5 IMP.

  • Cette dernière donne a donc été un vrai test sous pression ! De manière plus générale, comment gérez-vous le stress et la prise de décision dans des moments aussi cruciaux ? Avez-vous une approche particulière pour garder votre sang-froid en compétition ?

L’avantage de Funbridge c’est qu’on ne joue pas en temps réel. On peut donc jouer lentement les donnes importantes. Quand une donne se passe mal, on peut faire une pause et reprendre une fois qu’on est à nouveau concentré. En compétition physique, je ne suis pas encore très aguerri mais je pense qu’il est aussi important de ne pas se focaliser sur les donnes passées, pour rester bien concentré sur la donne en cours. Je pense qu’il faut aussi gérer sa fatigue et se concentrer sur les donnes les plus importantes.

  • Et pour finir, si vous deviez donner un conseil aux futurs participants du Championnat de France Individuel en ligne, quel serait-il ?

Pour les joueurs qui comme moi jouent rarement en mode IMP, il peut être intéressant de faire les tournois BP100 classiques IMP pour bien comprendre la marque. À force de jouer des tournois en paires, on prend l’habitude d’essayer de jouer les sans atouts et on prend des risques pour faire des surlevés. En marque IMP, il faut demander les manches même si elles semblent risquées et ensuite il faut jouer le jeu de la carte en étant très prudent.

Que pensez-vous de cet article ?

Félicitations à José Damiani, Didier1969 et Tarannon pour leurs performances remarquables. Nous remercions tous les participants pour leur enthousiasme et leur engagement. Partagez vos impressions et vos expériences dans les commentaires ci-dessous.

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