« L’enchère de barrage » par Pierre Saporta

Funbridge, en partenariat avec le magazine BeBRIDGE, a le plaisir de vous offrir un article spécial jeu du numéro de Mai/Juin. Bonne lecture ! (Si vous préférez imprimer l’article, cliquez ici).

S’il y a quelque chose que mon partenaire adore, c’est faire une enchère de barrage ! Il a ainsi l’impression d’être moderne, jeune, agressif dans le bon sens du terme.

L’ennui, c’est qu’il fait n’importe quoi dans ce domaine. On le surnomme du reste depuis longtemps le barreur fou (d’autant qu’il a fait beaucoup d’aviron dans sa jeunesse).

Voici huit mains avec lesquelles il s’est livré à un barrage en Sud. Auriez-vous fait comme lui ?

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1 – Sud a raison. Dans cette situation de vulnérabilité, cette ouverture de 2 faible, bien que maximale, est parfaite. Notons cependant qu’avec un singleton à Cœur ou à Trèfle, il serait plus avisé d’ouvrir de 1♠.

2 – Sud a tort. En troisième, vert contre rouge de surcroît, cette ouverture de 2 faible est bien timide. Pour gêner l’adversaire, il convient d’élever le palier d’un cran : ouvrez de 3♥.

3 – Sud a raison. En théorie, il y a deux contre-indications à ce barrage à 3♦ : seulement six cartes et la présence d’une majeure quatrième annexe. En pratique, il serait bien maladroit de ne pas entrer dans les enchères à ce stade, à la fois pour déranger l’adversaire, donner une entame et proposer une défense. Notons en outre que la teneur des Carreaux est idéale pour un barrage et que les Cœurs sont particulièrement maigrichons.

4 – Sud a tort. Ce saut à 4♠ pourrait certes bien tomber et mettre une pression terrible sur l’adversaire. Mais plusieurs éléments militent pour une intervention plus douce (1♠ en l’occurrence) :

  • Les Piques sont “en courant d’air” et si les cartes adverses sont désagréables, un contre pourrait nous laisser “sur le carreau”.
  • On dispose de beaucoup de levées de défense imprévues au programme. Le partenaire, non averti, pourrait surenchérir en compétitives pour une “crème renversée” retentissante.
  • Le partenaire n’a pas passé d’entrée. S’il détenait quelques bonnes cartes, un chelem pourrait se profiler à l’horizon à condition d’y aller doucement.

5 – Sud a tort. Il est faux de croire que l’on est en sécurité distributionnelle au palier de 4 avec pareille collection. Il faut certes cinq atouts pour sauter à 4♠ mais il faut aussi un peu de distribution. La structure 5-3-3-2 est la pire possible dans ce contexte. Contentez-vous d’un soutien à 2♠ (ou à 3♠ si vous jouez ce saut barrage).

6 – Sud a tort. Contrairement à une idée tenace, ce saut ne constitue pas un barrage, en tout cas pas dans le système standard. C’est une enchère constructive qui montre 11-12HLD. Rappelons qu’un cue-bid à 2♠ serait quant à lui forcing de manche. Un soutien simple à 2♦ fait ici parfaitement l’affaire. Si Est avait contré, ce saut à 3♦ aurait cette fois été une enchère de barrage puisque vous auriez pu exprimer un soutien limite par la voie d’un 2SA Truscott.

7 – Sud a raison. Non vulnérable, quatre atouts et un singleton autorisent ce barrage à 3♥. Faut-il le rappeler ? En compétitives, la distribution prime lourdement sur la force en points.

8 – Sud a tort. Il est vrai que, vulnérable, ce soutien barrage à 3♥ exige sans doute un peu de jeu. Mais ici, vous avez trop de valeurs pour vous en contenter. Un saut à 3♣, qui montre un soutien quatrième constructif, est infiniment mieux jugé.

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