Gérer comme un champion
Gérer le stress, garder sa concentration, tenir la distance… Bons joueurs ou grands champions, si les défis sont les mêmes quand on aborde la compétition, les bridgeurs chevronnés ont l’avantage de l’expérience. Rituels, hygiène de vie ou préparation mentale, comment font-ils pour gérer l’intensité des tournois ? Ils nous livrent leurs secrets et des conseils souvent simples à appliquer.
Un rythme à prendre
«Le mental, c’est comme un muscle, il faut l’entraîner.» François Fel, coach professionnel.
Lors de mes premières compétitions, je dormais deux heures par nuit tellement j’étais angoissé», se souvient Baptiste Combescure, bridgeur professionnel. Petit à petit, le jeune homme a su apprivoiser son stress. Il est même devenu un allié : «Aujourd’hui, la pression me rend encore plus fort.» Même constat pour Sylvie Willard, bridgeuse multimédaillée, quarante ans de carrière : «L’enjeu me donne des forces, plus le défi est grand, plus j’arrive à me surpasser, à me concentrer.» Cette concentration aiguë n’est pas due au hasard. Elle est le fruit d’une sérieuse préparation. Comme tous les grands athlètes, les bridgeurs professionnels s’entraînent des semaines avant la compétition afin d’être au top. Techniquement, bien sûr, mais pas que.
Cédric Lorenzini, champion d’Europe et vice-champion du monde, fait beaucoup de sport, natation et running : «C’est important d’être prêt à faire des efforts de longue haleine.» Baptiste Combescure aussi régule son hygiène de vie quelques semaines avant les compétitions : «Je mange équilibré, je dors bien, je fais du sport.» Des conseils simples qui peuvent faire la différence alors que les championnats sont épuisants. «39 matchs en 15 jours : c’est énorme. Alors il est indispensable d’arriver reposé et avec l’esprit clair», reconnaît la championne Sylvie Willard qui avoue «avoir besoin d’une semaine pour se remettre d’un tournoi».
D’autant que les compétitions se déroulent souvent aux quatre coins du monde. Le jetlag ajoute de la fatigue. Alain Lévy, triple champion du monde, se souvient : «On est souvent allé jouer en Chine. On arrivait toujours quelques jours avant, le temps de prendre nos marques, d’encaisser le décalage horaire.» Pendant toute la durée de la compétition aussi, il est important de garder une bonne hygiène de vie. «Pour moi, un dîner sans vin n’est pas un dîner. Mais pendant la compétition, interdit de boire !», reconnaît le joueur qui déclare «entrer en religion» quand le tournoi commence. Même heure de coucher, même heure de lever, toujours le même petit déjeuner et, avant d’aller jouer, une longue marche ressourçante, pour cet habitué des championnats. Des rituels qui lui permettent de rester dans sa bulle. «Si ma femme vient, elle sait que je ne lui parlerai pas», avertit-il, «je dois rester focus sur le bridge, et rien d’autre.»
Baptiste Combescure a besoin, lui, de faire des coupures pendant le championnat, de penser à autre chose que le bridge. Le jeune champion s’octroie donc des pauses : «Quand je ne joue pas, je vais me baigner à la piscine ou alors je vais sur les réseaux, lire des messages d’encouragement. Mais en tout cas, j’évite de regarder les autres matchs.»
Pendant que les autres jouent, d’autres font des siestes revitalisantes, c’est le cas de Michel Bessis qui a disputé un grand nombre de rencontres internationales dans sa vie : «Entre deux matchs, je vais m’allonger, comme ça je retrouve toute mon énergie.» Pour lui, pas besoin de longs discours pour être au mieux de sa forme mais une devise qu’il répétait à l’envi à l’équipe de France féminine quand il la chapeautait pour la première fois : «Pas de soleil, pas de rosé.»
Quel est le nombre moyen de cartes qu’un participant doit mesurer au cours d’une épreuve ?
La réponse est 30 000 cartes !
Un travail d’équipe
Et parce que le bridge ne se joue pas seul, la préparation non plus ne se fait pas en solo. La connivence au sein de la paire est indispensable. Discussions, mises au point, il faut connaître les forces et les faiblesses de son partenaire pour réagir au mieux face aux difficultés.
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