Le bridge au féminin
Un jeu « vieillot », réservé à une certaine « élite »… Autant de clichés qui ont collé à la peau de cette discipline pendant des années. Et les hommes ? Sont-ils vraiment meilleurs que les femmes ? Des championnes comme Sylvie Willard, Mihaela Balint, Jill Meyers, Marion Michielsen et Sabine Auken ont toutes les cartes en main pour faire tomber ce stéréotype.
Comparé à d’autres loisirs, « le jeu de cartes traditionnel est une catégorie dans laquelle âges et sexes sont plutôt bien représentés », déclare Vincent Berry, professeur à l’Université Sorbonne Paris Nord spécialisé dans la sociologie des loisirs et des jeux. A quelques exceptions près, comme le poker, vous trouverez plus d’hommes. Selon ses derniers chiffres, la FFB dénombre 1 500 000 joueurs de bridge en France dont 91 000 sont membres de la fédération. 55% sont des femmes.
Une histoire de clichés
Plus nombreux sur le marché du bridge… mais pas plus compétents ? Omar Sharif dans une vidéo de l’INA disait en 1978 qu’à l’époque, les femmes étaient « bien moins bonnes que les hommes au bridge » car « le joueur de bridge doit avoir une mentalité de tueur » et selon lui, les femmes n’ont pas « le même pouvoir de concentration sur un match mais aussi et surtout […] elles manquent d’agressivité ». Le joueur de bridge et acteur égyptien aurait été surpris d’apprendre qu’en 2016, lors de la Yeh Online Bridge World Cup, l’équipe européenne dont faisaient partie les Françaises Sylvie Willard et Bénédicte Cronier avait battu l’équipe américaine… comptant dans ses rangs Bill Gates.
Conflit générationnel
Plus de quarante ans plus tard, Mathilde Thuillez, 23 ans, championne du monde par paires chez les moins de 26 ans en 2017, démontre également que ces mots appartiennent définitivement au passé : « Je suis capable de jouer pendant des heures plusieurs jours de suite dans un championnat sans voir le temps passer… A l’inverse, je peux me déconcentrer au bout de 15 minutes à travailler mes cours. Tout est une question de passion ! ». Pour cette jeune étudiante en 5ème année de médecine qui a appris à jouer à l’âge de 8 ans, le bridge est une affaire de famille. Ses parents, Pascale et Laurent Thuillez, sont en effet eux-mêmes champions.
Incarnant une nouvelle génération bien plus ouverte d’esprit, la jeune femme confie tout de même que le monde du bridge reste très misogyne : « On dit toujours que les femmes peuvent faire plusieurs choses à la fois ! Bizarrement, au bridge, ça devient soi-disant une faiblesse ! ». On considère que les hommes sont toujous concentrés… alors qu’en privé, on dit que ce sont des « personnes monotâches ».
Il s’agit là de stéréotypes étroitement liés à la tradition : il faut se souvenir qu’au bridge, il y a plusieurs catégories (Dames, Séniors, Open et Mixte), mais aucune d’entre elles n’est exclusivement réservée aux hommes. C’est une organisation bien établie qui, au bout du compte, avantage les hommes.
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Bonjour
Article très intéressant
Amusant de savoir que c’est plus difficile d’arbitrer des femmes….ah vouloir toujours avoir le dernier mot même en dehors du couple
C’est une organisation bien établie qui, au bout du compte, avantage les hommes. ?!?!?!
Le bridge est un jeu open, à quand des compétitions messieurs ?